Une journée en télétravail à la ferme «J’avais des poules sous mon bureau!»

05. mai 2021

L’air frais, les champs à perte de vue, les vaches, les poules picorant et les abeilles bourdonnant sous le poirier. Le soleil réchauffe le corps et le moral, le vent porte à l’esprit des idées fraîches. Fio, le chien de la ferme, distrait un instant. La motivation monte. Et la concentration? Nous vous emmenons à la première journée en télétravail à la ferme de Suisse.

L’atmosphère durant la journée en télétravail à la ferme est unique. Pour les lassés du télétravail, la ferme bio du lac de Morat est un petit paradis. «J’ai accueilli avec plaisir l’idée que du télétravail à la ferme ait lieu chez nous», confie l’agriculteur bio Stefan Krähenbühl. «Notre ferme est ouverte, on peut tout regarder. Nous disposons d’ailleurs d’une mini-ferme pédagogique et d’un vaste terrain. En ce moment, nous avons plein de petits veaux. L’idée est formidable, nous faisons volontiers connaissance avec nos clientes, clients et toutes les personnes intéressées par le bio.» Ainsi, en deux temps, trois mouvements, cinq tables de bureau ont été installées entre les prés et la bassecour, parasol, électricité et paravent compris. Du jamais vu!

Du zèle et beaucoup de travail

Ils ont entre 29 et 61 ans, viennent de Suisse alémanique et romande, sont curieux, ouverts et ont envie d’échanger le télétravail à la maison contre une journée en télétravail à la ferme. «C’est mon chef qui a attiré mon attention sur le télétravail à la ferme», raconte Elias, 29 ans. Il travaille à la Poste comme spécialiste des marques dans le marketing et il se réjouit de bénéficier ce jour-là du changement de décor que son chef a promis.

Et voilà comment le travail s’organise: cinq postes de travail sont répartis sur le site de la ferme, chacun équipé du nécessaire: du WLAN et d’une vue vachement belle. On se retrouve autour d’un petit-déjeuner copieux avec du pain tressé bio, du fromage bio et de la charcuterie de la ferme.

Sophie, 35 ans, est professeure indépendante de français. Elle a deux appels vidéo avec ses élèves. «C’est génial, je vais pouvoir surprendre mes élèves aujourd’hui avec la nature en toile de fond.» Son bureau se trouve sous les poiriers, à gauche les chevaux, à droite les petits veaux. «Bonne ambiance assurée!» Elle travaille à l’élaboration de cours de français en ligne et à les faire connaître grâce à sa communauté. «Cette journée m’apporte l’inspiration et régénère l’esprit!» Elle a profité de l’occasion pour publier une story sur Instagram et emmener ses élèves en voyage virtuel. «D’habitude, je montre rarement mon visage sur Instagram, cette journée m’a inspirée à le faire», se réjouit-elle

Il en va de même pour Alina, 29 ans, qui travaille chez Bio Partner au sein du service de communication de l’entreprise. Elle est responsable des médias sociaux et met la journée à profit. «Ce qui m’a le plus surpris, ce sont les poules! Mon bureau est au milieu de la bassecour. Pendant que je tape sur mon clavier, les poules picorent à mes pieds dans l’herbe!» Alina est ravie.

Et que fait Richard? Pour ce traducteur de 39 ans, le changement de décor tombe à pic. Après une matinée calme et productive, il prend le temps de caresser Fio, le chien de la ferme. Il traduit de l’allemand vers l’anglais pour la Confédération et la vue dégagée sur les champs est particulièrement bénéfique.

Barbara, 61 ans, vient d’arriver à bord de son camping-car et laisse ses deux chiens se dégourdir les pattes dans le pré. Cette journée ne pouvait pas tomber mieux: elle travaille pour Nomady, une plateforme qui indique les places de stationnement pour les camping-cars situées en dehors des terrains de camping traditionnels. «J’ai été impressionnée par notre hôte à la ferme du lac de Morat, la rencontre a laissé des traces», confie Barbara. «J’aime les idées innovantes et de manière générale, je travaille comme il me plaît.»

La ferme du lac de Morat

La ferme bio de presque 40 hectares est exploitée par Stefan et Anita Krähenbühl. Ils produisent des pommes de terre et des patates douces bio. Une quarantaine de vaches laitières et un taureau paissent dans les pâturages. Il existe en outre une pension équine et une mini-ferme pédagogique avec des lapins et des chèvres naines. Le respect des animaux est de rigueur! Deux cochons se prélassent dans la boue derrière la ferme. Un couple de paons en liberté apporte une touche exotique.

Anita et Stefan Krähenbühl ont trois enfants. Ceux-ci mettent la main à la pâte et souhaitent également devenir producteurs Bourgeon. Leur fille aînée fait d’ailleurs son apprentissage au sein de l’exploitation.

De vraies rencontres et la découverte du quotidien à la ferme

Malgré le semis des pommes de terre et du brocoli, Stefan Krähenbühl, agriculteur bio de la ferme du lac de Morat, passe durant la pause de midi et discute avec les participants en télétravail à la ferme. Il parle de ses préoccupations actuelles, notamment le gaspillage alimentaire. Il doit emprunter d’autres voies pour vendre les légumes n’ayant pas la forme parfaite ou les pommes de terre n’ayant pas le calibre standard et ainsi éviter qu’ils ne finissent en fourrage. Il faut faire preuve de créativité et avoir des idées innovantes. C’est ainsi que le Gintoffel a été inventé, un gin produit à partir de patates douces trop petites pour la vente.

La restauration collective pourrait également devenir un débouché important. Rolex est dans la région, la cantine de l’entreprise accueille 700 collaborateurs. Or les cuisines collectives privilégient les légumes prédécoupés.

L’élevage de veaux confiés à des vaches nourrices est également intéressant. Il y a actuellement beaucoup de petits veaux à la ferme et l’agriculteur bio Krähenbühl a déjà fait de bonnes expériences dans ce domaine. Au lieu de nourrir les veaux au biberon, ceux-ci peuvent être allaités par une nourrice. «Cela nécessite parfois davantage de temps, mais cela fonctionne très bien et il s’agit d’une étape positive en faveur du bien-être animal.» Il se passe également d’antibiotiques pour traiter ses animaux. C’est avec sincérité qu’il partage ses craintes et inquiétudes: «Cela me tracasse que les agriculteurs soient mal perçus dans l’opinion publique.» Mais il n’a pas voulu politiser plus longtemps, le travail n’attend pas. Tout le monde a toutefois disposé d’assez de temps pour un échange sincère, ouvert et enrichissant.

Du télétravail à la maison au télétravail à la ferme

Retournons à nos bureaux dans la nature. Aussi agréable soit-il, le télétravail à la ferme a ses revers. Le vent, par exemple. Elias a quitté le pré et installé son bureau à l’abri du vent entre les écuries et la ferme. «Il ne faisait pas froid, seulement le vent a pris de l’ampleur!»
Le soleil brille et Sophie apprécie son emplacement à l’ombre des arbres. «C’est inspirant!», confie la travailleuse indépendante. «Je conserve de cette expérience qu’il est possible de faire autrement.»

Et Barbara va rester en contact avec l’agriculteur bio Krähenbühl pour la communication de places de stationnement en dehors des circuits conventionnels. Une journée hors du lieu de télétravail habituel peut faire bouger les choses!

Télétravail à la ferme Bio Suisse

Besoin de changement? Nous avons publié l’appel à participation au télétravail à la ferme sur les médias sociaux et dans notre newsletter. 50 candidatures ont été reçues, cinq ont été sélectionnées. La première journée de télétravail à la ferme Bourgeon au lac de Morat a eu lieu le 22 avril 2021, sous un soleil radieux.

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Rédaction et images: Maya Frommelt

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