Troisième commune genevoise par le nombre d’habitants, la ville aux trente parcs est à l’origine d’une politique volontariste, couronnée par le label Bio-Bourgeon.
C’est un potager luxuriant hérissé de cardons géants, avec ses bouquets de roquette tachetés de jaune, ses herbes, ses parfums, sa vie bourdonnante qui trouve refuge dans un rucher didactique et même un « hôtel à insectes cinq-étoiles ». Il devait faire 80 mètres carrés, à l’origine, mais le voilà qui squatte désormais 600 mètres carrés au coeur du parc Navazza-Oltramare. Tout autour, des prairies naturelles en fleurs. Et au-delà de ce rempart vert, la ville : Lancy, troisième commune genevoise par le nombre d’habitants.
On la connaît davantage pour son urbanisation dense – où aucune exploitation agricole ne trouve plus place – que ses espaces verts. On a tort. Lancy compte une trentaine de parcs pour 554’945 m2 d’espaces verts, dont 84’657 de prairies, 4861 m2 de rosiers et 55’000 plantes cultivées l’an dernier. Pas de ferme certes, mais quelque 730 kilos de légumes du potager destinés pour l’essentiel à l’Epicerie solidaire de Lancy.
Plus que de la biodiversité
« Il s’agit de valoriser ce patrimoine et d’inciter les habitants de la troisième commune genevoise à le protéger et le respecter », relève Damien Bonfanti. Cette démarche globale dépasse la seule quête de biodiversité, incitant à revoir l’ensemble du système de culture et d’entretien. La commune a modifié ses terreaux, créé son propre compost et trouvé des semences bio ; elle recourt désormais à des engrais organiques et à des auxiliaires pour combattre les ravageurs.
Des plantes solides, Des variétés anciennes
La reconversion a nécessité de gros ajustements en termes de production florale : « On verra sans doute moins de géraniums et de roses fragiles fleurir à Lancy », note Sandrine Michaillat. Nous privilégions désormais les plantes solides, les variétés anciennes, de rosiers notamment, les fleurs peu gourmandes en eau et en soins, nous adaptons les fruitiers. Les massifs sont toujours fleuris deux fois par an et ne seront pas moins beaux », promet la cheffe du service des espaces verts.
Des réactions des très positives
« Il y avait pas mal de scepticisme à surmonter : nous sommes heureux d’être désormais un exemple pour les collectivités et espérons faire tache d’huile », relève encore Damien Bonfanti. Qui entend bien faire passer le message que « la mauvaise herbe n’existe pas ».
La réaction des Lancéens? Très positive dans l’ensemble même s’ils sont parfois un peu « déconcertés par l’abondance de prairies naturelles, qu’ils attribuent à la flemme des jardiniers. » Reste à mener un travail pédagogique, expliquant notamment qu’une prairie ne signifie pas moins de travail qu’un gazon anglais lustré.
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https://www.lancy.ch/lancy-devient-la-premiere-commune-suisse-100-bio
Texte: Véronique Zbinden
Photos: Alain Grosclaude