50 ans de la coopérative Biofarm: présentation de notre organisation bio

26. septembre 2022

En mai 1972, neuf hommes jetaient les bases d’une coopérative d’agriculture bio. Leur devise: faire progresser l’agriculture biologique et soutenir les familles des agriculteurs qui ont fait ce choix. Cette devise est toujours d’actualité. Qu’est-ce qui caractérise cette solide coopérative Biofarm, qui célèbre son anniversaire? Entretien avec le président Hans-Ulrich Held au sujet de ces 50 ans d’existence.

Quelles sont les raisons principales du succès de Biofarm?

Les bases jetées par nos prédécesseurs grâce à leur travail pionnier sont aujourd’hui encore d’une grande importance pour nous. Le cœur de notre coopérative est constitué des collaborateurs motivés et tournés vers l’innovation, qui partagent tous un but commun. Nous devons notre succès à la bonne collaboration avec nos productrices et producteurs, aux entreprises de transformation et aux organisations partenaires. La coopération avec notre principal partenaire, Bio Partner Suisse, basé à Seon, évalue favorablement. Tous ces éléments nous aident à proposer des produits tendance, notamment pour satisfaire la demande croissante en produits végétariens et végétaliens. De plus, depuis le printemps 2020, la pandémie de coronavirus a stimulé cette tendance.

Dans les années 1970, les agricultrices et agriculteurs bio étaient considérés comme des idéalistes et des marginaux. Comment pouvons-nous nous représenter les fondateurs de Biofarm?

Il s’agit d’agriculteurs qui avaient les pieds sur terre et qui ne s’en laissaient pas conter. La première mission qu’ils s’étaient fixée était de prendre soin de la nature et de produire des aliments sains pour la consommation. Plus important encore, ils remettaient en question leur travail et leur environnement, qui était caractérisé par une évolution rapide vers une utilisation plus massive de produits chimiques et vers une méthode de production de plus en plus rapide, poursuivant l’objectif d’un rendement toujours supérieur. Souvent considérés comme fous, ces agriculteurs s’informaient, s’associaient avec des personnes partageant les mêmes idées, étaient à la recherche de possibilités d’échange et de formation continue. Ils trouvaient tout cela à un seul endroit, qui est devenu pour eux une sorte de lieu de culte: le centre de formation en agriculture de Möschberg dans l’Emmental. Un groupe minoritaire soudé qui y avait fait connaissance s’était fixé comme objectif, avec une ferme conviction et un esprit pionnier, de faire avancer l’agriculture biologique. Ils fondèrent Biofarm sous la forme de coopérative, comme une sorte d’organisation d’entraide agricole. Aujourd’hui, en tant qu’agricultrices et agriculteurs de Biofarm, nous avons le devoir de nous rappeler que ces fondateurs ont toujours gardé le cap malgré plusieurs échecs cuisants, qu’ils ont toujours osé innover, qu’ils ont dû se débrouiller et qu’ils ont gardé à l’esprit leur objectif même dans les moments difficiles.

Une histoire de 50 ans laisse forcément des traces. Par quelles étapes de développement marquantes la coopérative est-elle passée?

L’année 1974, soit très rapidement après sa création, fait certainement partie des principales étapes, lorsque les pionniers ont repris la représentation générale des moulins ménagers d’Alsace. Ils firent ainsi leur entrée dans le commerce des céréales et lancèrent la vente en petits conditionnements, ce qui était tout à fait nouveau à l’époque. Très tôt, nos fondateurs avaient élaboré des directives agricoles pour leurs producteurs. Elles ont servi plus tard de base pour l’élaboration des directives de notre fédération faîtière Bio Suisse. En 1981, au moment de sa création sous le nom d’«Association des groupements de producteurs biologiques suisses», cette fédération regroupait quatre autres membres en plus de Biofarm. Une autre étape importante fut l’année 1996, au cours de laquelle notre coopérative a assumé le rôle de premier centre de coordination pour toute la Suisse en ce qui concerne les céréales Bourgeon Bio. Deux années plus tard, la mise en place de notre centre de fruits s’est ajoutée comme nouvelle branche de production. Autres faits marquants de l’histoire de la coopérative: la modification importante du design des emballages en 2008 et le début de notre coopération avec Bio Partner Suisse en 2019.

Les grandes étapes des 50 ans

  • 1972 – Création à Herzogenbuchsee (BE)
  • 1974 – Reprise de la représentation générale des moulins d’Alsace pour les ménages
  • 1976 – Premiers cours de cuisine et de pâtisserie avec des céréales complètes à Langenthal (BE)
  • 1978 – Déménagement vers l’ancienne école secondaire de Kleindietwil (BE)
  • 1980 – Les directives agricoles de Biofarm servent de base pour les premières directives de l’agriculture biologique suisse
  • 1981 – Création de l’AGPBS (Bio Suisse) à Bâle, avec pour premier président le membre fondateur de Biofarm Werner Scheidegger 
  • 1986 – Achat de l’ancienne école à Kleindietwil
  • 1992 – Construction de l’entrepôt
  • 1996 – Exécution de missions dans le cadre de la coordination des céréales pour le compte de Bio Suisse dans toute la suisse
  • 1998 – Lancement de la branche de production Centre de fruits
  • 2006 – AG extraordinaire et importants changements de personnel au sein du comité et de la direction
  • 2008 – Relance de produits
  • 2017 – Nouvelle politique de distribution (collaboration avec Somona)
  • 2020 – Record de ventes/crédit de planification pour le nouveau projet de construction de Biofarm

Vous évoquez la création de Bio Suisse. Quel rôle jouait Biofarm autrefois dans l’agriculture suisse?

Nous avions vraiment un rôle de pionniers. Une dizaine d’années avant la création de notre fédération faîtière et de la marque Bourgeon, nous avions déjà réussi à acquérir de l’expérience sur le marché. Nous jouions le rôle de plaque tournante et nous reprenions les produits de familles d’agriculteurs à une époque, étant donné que les aliments bio étaient encore véritablement des produits de niche.

Et comment la coopérative exerce-t-elle son influence aujourd’hui au sein de la communauté bio suisse?

Nous sommes un acteur certes petit, mais sérieux. Nombre de nos projets avaient une fonction de chasse-neige, car ils ont préparé le terrain, ont été copiés plus tard, puis adaptés à plus grande échelle. J’en veux pour exemple notre projet de graines oléagineuses de colza. Pendant des années, nous avons mis au point cette culture extrêmement exigeante dans l’agriculture biologique, nous avons effectué des expériences avec des producteurs bio innovants et des partenaires de transformation, nous avons développé la commercialisation. À peine la culture avait-elle pris une certaine envergure que nous avons été confrontés à l’arrivée de grands concurrents dans le secteur. Néanmoins, notre taille modeste a également des aspects positifs: nous sommes agiles et nous pouvons ainsi répondre rapidement aux besoins du marché.

Aujourd’hui, vous faites face à des conditions de marché totalement différentes de celles d’autrefois. À partir des années 1990, les grands distributeurs ont fait leur entrée dans le commerce de produits bio. Comment la coopérative a-t-elle géré et gère-t-elle aujourd’hui cette situation?

Nous avons été durement frappés par cette réorganisation du marché. Toutefois, elle n’a pas fait que nous causer préjudice. L’arrivée des grands distributeurs a augmenté le degré de notoriété des produits Bourgeon Bio. Nous en avons également profité. Aujourd’hui, nous vendons des produits agricoles qui sont disponibles en quantité suffisante, y compris auprès des grands distributeurs, mais pas sous notre propre marque.

Quels produits de Biofarm comptent parmi les plus prisés?

 

Il s’agit incontestablement de notre Unigel. Nous y avons investi énormément de temps. Mais ça valait le coup. Cet agent de préparation de confitures s’est classé parmi les meilleures ventes dans les années 1980, et il connaît un grand succès aujourd’hui encore. Le nom est composé de Uni-verselles Gel-iermittel (agent gélifiant universel). Nos müeslis croquants bio, les produits d’avoine ainsi que les diverses graines oléagineuses et huiles ont un grand succès. Ces derniers temps, nos légumineuses connaissent également un véritable essor. 

Comment fonctionne Biofarm en tant que coopérative?

La coopérative compte aujourd’hui plus de 900 membres et accueille généralement tout le monde. Au cours des dernières années, nous avons également enregistré une forte augmentation de consommatrices et consommateurs qui souhaitent nous soutenir moralement. Nous n’avons pas de conditions d’adhésion spéciales; les parts sociales peuvent être souscrites pour une valeur minimale de CHF 500.–. Les membres de notre coopérative peuvent participer activement à travers des motions et des suggestions lors de l’assemblée générale.

Zur Person

Hans-Ulrich Held (Jg.1970) ist seit 2015 Verwaltungsmitglied der Biofarm-Genossenschaft. 2019 übernahm der Meisterlandwirt von Heimiswil BE das Präsidium und den Vorsitz der Geschäftsleitung. Auf seinem Betrieb «Bio Held» gehört Bio seit vier Generationen zur Familientradition: Schon der Grossvater hatte auf Bio umgestellt, und auch der Vater lieferte das gesamte Getreide, wie Weizen und Dinkel, an Biofarm.

Le succès et les records de vente des deux dernières années ont permis à l’organisation de croître. Qu’est-ce que cela implique pour les prochaines années?

Sur ce point, de grands défis en lien avec notre développement nous attendent. Nous voulons encourager nos collaborateurs à renforcer davantage et intensifier la collaboration avec nos producteurs, les entreprises de transformation et les organisations partenaires. Il faudra également soutenir le commerce bio spécialisé et le renforcer. Nous nous intéressons de très près aux infrastructures, car notre site de Kleindietwil, réaménagé plusieurs fois, devient clairement trop petit… Et bien évidemment, nous nous pencherons également davantage sur le climat et les préoccupations socio-politiques.

Que retenez-vous personnellement des pionniers de l’époque de la fondation?

Avoir une vision et la poursuivre jusqu’au bout, même s’il faut aller à contre-courant pour y arriver. Rester idéaliste et patient afin que la flamme reste allumée. Ne jamais abandonner, même dans les moments difficiles.

entretien: Sabine Lubow,  Photos:  Biofarm

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