Tous les laits ne se valent pas. Que l’on consomme un verre de lait Bourgeon bio suisse, du lait bio conventionnel ou du lait bio UE, cela a de fortes répercussions sur toute la chaîne de création de valeur, sur le bien-être animal et sur la durabilité.
Pourquoi le lait bio suisse est-il de si haute qualité? Quels aspects Bio Suisse prend-il en considération en matière de durabilité et de bien-être animal? Et quels renforcements de directive s’appliquent-ils depuis le début de l’année 2022? Andreas Bisig, product manager lait bio, nous présente le marché suisse du lait.
Andreas Bisig, pourquoi le lait bio suisse est-il de si haute qualité?
Quand on opte pour le lait bio suisse, on peut être sûr d’acheter un produit adapté aux conditions locales. Il est produit à 100 % en Suisse. Grâce au nouveau cahier des charges strict et unique, nous pouvons parler de circuits fermés en ce qui concerne le lait bio suisse, un élément important lorsqu’on souhaite garantir la durabilité.
Quel changement le cahier des charges concernant le lait bio suisse a-t-il connu au juste?
Depuis le début de l’année, le nouveau cahier des charges est en vigueur, impliquant un renforcement de l’alimentation pour les ruminants. La part d’aliments concentrés autorisée pour les ruminants a été réduite de 10 à 5 %. Cette réduction ne concerne que le secteur bio en Suisse et est nettement plus stricte que pour le lait bio UE où 40 % d’aliments concentrés sont autorisés en réalité. De plus, la totalité du fourrage pour les ruminants en Suisse doit être à 100 % des aliments fourragers Bourgeon suisses. Les aliments concentrés riches en protéines tels que le soja proviennent en grande partie de l’étranger. En tant qu’association bio, nous voyons d’un mauvais œil l’apport d’aliments concentrés étrangers. L’écart entre le lait bio et le lait conventionnel s’est considérablement accentué avec ce nouveau cahier des charges.
Dans quelle mesure cela a-t-il des répercussions sur le marché suisse du lait bio?
Du fait de la réduction de la part d’aliments concentrés, la production de lait des vaches diminuera elle-même légèrement. De concert avec le secteur, nous avons pu augmenter le prix à la production pour le lait bio: de quatre centimes pour le lait d’ensilage et de cinq centimes pour le lait sans ensilage. Le prix à la production plus élevé est une compensation et une reconnaissance du travail supplémentaire pour une performance laitière réduite en même temps. D’une entreprise à une autre, les répercussions du nouveau cahier des charges sont d’importances différentes. L’emplacement, la topographie et la stratégie d’entreprise influencent l’alimentation des vaches. La demande et l’offre sont actuellement en équilibre. Les directives plus strictes peuvent éventuellement entraîner une réduction du nombre de fermes reconverties au bio, car la production laitière bio suisse est devenue plus stricte.
Faits concernant le marché suisse du lait:
- 14 % des vaches suisses sont bio, la plupart se trouvant à Berne, dans le canton des Grisons et à Saint-Gall. Au total, il existe environ 60’000 vaches bio en Suisse
- Production de lait par vache: 5’000 à 8’000 litres de lait par an et par vache. De fortes variations sont observées ici, notamment dans le secteur bio où la performance laitière est en général un peu inférieure. Les entreprises conventionnelles produisent plus de lait avec moins de vaches.
- Environ 3’333 entreprises bio pratiquant l’élevage laitier sont enregistrées auprès de Bio Suisse
- La production de lait est de 3’405 millions de kilos, la part bio représentant 8,5 % de la production totale de lait avec 288 millions de kilos
- Chaque année, 46,8 tonnes de beurre sont fabriquées, la consommation par personne par an étant d’environ 5,3 kg
Dates de l'année 2021.
Par quelle expérience impressionnante dans le domaine de l’élevage laitier bio avez-vous été marqué jusqu’ici?
Le professionnalisme avec lequel les producteurs/trices bio dirigent leurs fermes est impressionnant. La force d’innovation de certaines entreprises est grande, tout comme la technique déployée lorsque des robots de traite sont déjà utilisés dans des entreprises de taille moyenne. De façon générale, mon travail chez Bio Suisse m’a également rapproché de mes origines. J’ai grandi dans une ferme laitière. Aujourd’hui, j’anime de nouveau un grand nombre de discussions au sujet de l’élevage laitier et de l’agriculture. Les échanges avec ma famille et des connaissances m’enrichissent.
Que souhaitez-vous dire à nos consommateurs/trices?
Les produits laitiers sont souvent considérés comme non durables et nocifs pour le climat. Je tiens à souligner que la vache joue un rôle essentiel dans l’entretien du paysage cultivé varié en Suisse. L’exploitation de nos prairies par les ruminants est judicieuse. Pour que l’agriculture en Suisse soit durable, on a autant besoin de ruminants que d’une diversité de cultures céréalières, de grandes cultures et de vergers. Une production de lait adaptée aux conditions locales, avec autant d’animaux qu’il y a de fourrage disponible, garantit des circuits fermés. Le cahier des charges modifié de Bio Suisse nous permet de nous rapprocher le plus de cet idéal.
Informations personnelles
Depuis 2020, Andreas Bisig travaille comme product manager lait chez Bio Suisse. Il a grandi dans une exploitation laitière dans le canton de Saint-Gall et a suivi des études d’économie. Il a terminé ses études à l’Université de Saint-Gall par l’obtention d’un master en gestion d’entreprise. Âgé de 27 ans, il s’engage en politique pour les Verts libéraux, et est depuis 2020 membre du Conseil cantonal de Saint-Gall.
Entretien: Maya Frommelt avec Andreas Bisig, Photos: Archives Bio Suisse