Un code postal fête son retour, à savoir le 7099. 50 ans après la fermeture du bureau de poste, le «7099 Egga» dans le canton des Grisons devient la base professionnelle des trois sœurs Nina, Luzia et Lena Hitz. Tout leur travail est axé autour de l’amour porté aux vaches allaitantes ProSpecieRara qu’elles élèvent elles-mêmes ainsi qu’à leur passion pour les spécialités de viande bio transformées.
Qu’est-ce qui a poussé trois sœurs à tenir ensemble une ferme?
Le profond attachement qui nous relie. Dès notre plus tendre enfance, nous avons dû aider nos parents à la ferme. Nous ne connaissons donc qu’une chose, être ensemble et être là, les unes pour les autres. Des liens forts se sont ainsi tissés avec la ferme et le lieu ainsi qu’une joie grandissante prise au travail d’agriculture. Je suis responsable depuis sept ans de l’exploitation qui couvre 55 hectares. Mais comme nos tâches sont très diversifiées, le travail et les revenus sont suffisants pour nous trois.
Nous ne sommes que des femmes (rires). Et nous faisons ce que nous aimons et qui nous correspond. Nos animaux sont notre passion. Nous les entretenons et les soignons afin qu’ils puissent offrir des produits bio de qualité irréprochable. Je leur fais parfois un massage shiatsu bienfaisant pour la santé et ma sœur Lena les soigne par homéopathie.
Vous commercialisez vos produits directement, sans passer par le commerce. S’agit-il d’une décision délibérée?
Oui. Nous contrôlons ainsi tout nous-mêmes, élevage, détention et accompagnement jusqu’à l’abattoir. Nous avons par exemple 18 vaches allaitantes ProSpecieRara, des vaches d’Hinterwald et des Evolénardes. En outre, une race spéciale de bétail "indigène", le Wagyu. Nous les laissons grandir jusqu’à ce qu’elles aient au moins deux ans. Leur viande est donc plus mature et a meilleur goût. Les vaches ne sont nourries que du fourrage de la ferme et ne reçoivent aucun aliment concentré.
Qui transforme la viande de vos vaches?
Notre viande est transformée dans la région, plus précisément par la boucherie Oberau de Zizers (GR). Les trajets sont donc réduits au minimum. Nous transformons tout l’animal, du museau jusqu’à la queue. Toute notre viande mûrit sur l’os, ce qui en fait toute la qualité. Nos produits transformés à base de viande tels que saucisses, salsiz, lard, Mostbröckli (viande séchée et salée), viande séchée et ramoneur fumé sont épicés selon des recettes traditionnelles que nous a confiées un vieux boucher. Nous utilisons le vent de la vallée de Churwalden pour le séchage à l’air.
Quelle est votre attitude générale par rapport à la consommation de viande?
Je mange évidemment de préférence notre propre viande car je sais que je peux avoir bonne conscience à tous les niveaux. Je pense que nous devrions manger de la viande avec respect et attention. Cela peut paraître bizarre, mais j’essaie d’appliquer ces valeurs à mes vaches. Je leur dois bien cela. La vache est pour moi un animal unique, authentique et sensible.
Pourquoi avez-vous choisi le bio ?
Ca s'est développée progressivement pour moi. En tant qu'agriculteur biologique, je dois travailler différemment. Je dois répondre à la nature, la voir de manière holistique. Pour moi, aujourd'hui, cela va de soi et je me sens bien.
Une viande de bonne qualité. Notre viande a un goût délicat particulier et nous n’avons donc pas besoin de beaucoup l’épicer. Et si nous devons le faire, nous n’utilisons que des herbes de la ferme.
Votre tuyau secret pour une fête barbecue parfaitement réussie?
Prendre son temps. À tous les niveaux. Il faut sortir la viande des jours à l’avance du congélateur et faire brûler pendant des heures du bois, s’il vous plaît, juste du bois, jusqu’à obtention d’une belle braise. Prenez votre temps pour faire vos grillades.
Vous avez le droit d’adresser un souhait aux consommateurs.
Les voyages, la voiture et le smartphone sont des évidences pour de nombreuses personnes, qui sont prêtes à dépenser beaucoup d’argent à cet égard. Je souhaite qu’elles aient de plus en plus cette attitude face à la nourriture. J’espère que les consommateurs redécouvriront la valeur des bons aliments et seront aussi prêts à payer un prix approprié. J’aimerais que nous mangions mieux et prenions plus de temps pour savourer ces instants autour de la table.
Plus d'informations: 7099egga.ch
Texte et photos: Lukas Inderfurth