Qu’est-ce qui conduit un vigneron bio à la politique?
Comment ça?
Le déclencheur pour entrer en politique est venu plus tard...
Dans quelle mesure les Verts peuvent-ils porter leur message au parlement cantonal?
On vous connaît comme fervent partisan des deux initiatives – également de celles pour une Suisse sans pesticides.
En tant que vigneron bio, vous n’avez pas d’animaux, c’est donc plus simple pour vous.
L’eau potable du Mittelland est chargée de pesticides, les agriculteurs et les viticulteurs en portent également la responsabilité. Que faites-vous contre?
Nous disposons de plans de réduction nationaux, mais ils n’atteignent pas leur but. Tant qu’il existe des produits phytosanitaires à acheter et qu’ils sont légaux, ils seront utilisés. Au sujet de l’eau ici dans le Seeland: il ne s’agit pas seulement des agriculteurs qui ont trop traité pendant des années. Ce sont également les jardineries, les communes, les CFF... et tout ce qui vient de l’air et de la pluie. Le thème est beaucoup plus varié qu’on ne le pense.
Les résidus peuvent venir du Stockhorn, des pieds de l’exploitant qui peut peut-être encore boire à sa source, mais qui utilise trop d’engrais, qui a trop d’animaux, qui utilise des herbicides. Et de son voisin qui surfertilise son jardin et pulvérise des pesticides. Tout ceci se retrouve chez nous au Seeland dans l’eau potable. Tant de choses sont liées. C’est pourquoi nous devons penser de manière globale. Et poser des limites. Je suis passé au bio il y a trente ans pour des raisons bien différentes. Je souhaitais offrir à mes enfants et à mes petits-enfants une alimentation saine. C’est pourquoi je ne vois personnellement aucune alternative à un avenir bio pour la Suisse.
Ce qui répond au thème de la dérive avec les produits phytopharmaceutiques épandus par hélicoptère...
De mon point de vue, il est inefficace et peu durable de pulvériser depuis un hélicoptère. Dans l’agriculture biologique non plus. Avec les produits phytosanitaires acceptables sur le plan biologique tels que le cuivre, il faut principalement couvrir la partie inférieure des feuilles pour obtenir le meilleur effet. En fait, c’est la même chose que pour la protection solaire: au lieu d’une crème, une application par voie aérienne agit comme une cure intraveineuse qui parvient dans la circulation sanguine.
Le produit protège pendant un certain temps, mais les effets secondaires et l’impact environnemental n’ont rien de durable. Bien entendu, d’un point de vue économique, il peut valoir la peine de pulvériser à la fois dix hectares avec un hélicoptère. Mais il existe des alternatives en viticulture. Il y a trente ans, j’ai changé et replanté des cépages résistants. J’en ai également planté d’autres qui ne portèrent pas, j’ai fait des essais. C’est ça l’esprit pionnier. Nous devons continuer à accomplir un travail de pionnier, faire des progrès avec la recherche. Nous devons absolument pratiquer une culture sans pesticides ni cuivre. Il en va de même avec l’eau potable. Nous devons absolument agir et avancer. Et ça fait mal au début.
Comment pouvez-vous défendre votre cause en politique?
En politique, je suis sûrement quelqu’un qui dérange. Il s’agit pour moi de défendre des principes et des valeurs fondamentales pour tous: une eau potable, un air propre et une alimentation saine. Dans de nombreux domaines, il en va de même qu’avec la biodiversité dans mon exploitation. J’exploite ici des vignes avec 18 cépages – en politique, nous devons compter au Parlement avec 160 talents venus de domaines totalement différents – du maire à l’infirmière, du syndicaliste à l’agriculteur bio.
Nous, les élus, assumons la responsabilité de nos valeurs. Et elles concernent tout le monde. En tant que vigneron bio, je dois décider si j’arrache des vignes et je plante un arbre à la place pour plus de biodiversité et j’accepte donc un rendement inférieur. La raison est un objectif clair, celui de faire fonctionner mon exploitation de manière durable, écologique et saine. Ce n’est pas différent en politique.
Si le peuple dit oui aux deux initiatives. Comment envisagez-vous l’avenir?
Un avertissement à la scène du bio?
Quels sont les autres thèmes qui vous tiennent à cœur en tant qu’homme politique?
Ils sont nombreux. J’ai élevé seul quatre enfants. Je pense à la santé et à l’alimentation, mais également aux jeunes, ceux qui sortent de l’école ou de leurs études. Quelles sont leurs perspectives? Je pense à nos aînés, aux soins palliatifs, par exemple. Souhaitons-nous gérer nos maisons de retraite comme des parkings? Vieillir à tout prix? Je pense à tous les malades – et non seulement en raison de la pandémie pour laquelle des millions sont débloqués.
Pendant 18 ans, j’ai accompagné mon enfant malade. Il n’avait aucune chance. La pénurie de personnel dans les hôpitaux existait déjà il y a douze ans. Dans des services, on a supprimé la moitié du personnel. Les coûts n’ont pas baissé pour autant. Le personnel n’avait plus de temps à consacrer aux patients, les patients devaient repartir aussi rapidement que possible car le nombre de lits était insuffisant... Et où en sommes-nous aujourd’hui? Tout a des limites. C’est pourquoi nous devons prendre aujourd’hui des décisions courageuses qui nous permettent de nous regarder dans le miroir et d’espérer en l’avenir.
Entretien et photos: Sabine Lubow