Jardinage à l'école: «L’expérience pratique est un avantage pour tout le monde»

08. juin 2017


Planifier un jardin de plantes aromatiques, aiguiser et réparer tous les outils de désherbage et fabriquer des ruches en bois, tout cela fait depuis peu partie de l’enseignement dispensé à l’école secondaire du Bäumlihof à Bâle. Les deux enseignants les plus engagés, Monika Ramseier et Georg Römmelt, parlent de leur projet pas banal.



Madame Ramseier, aviez-vous déjà participé à l’action de plantation de l’année passée?

Monika Ramseier (MR)

: Non. J’enseigne seulement depuis août 2016 l’économie, le travail et le ménage (ETM, en allemand WAH pour Wirtschaft, Arbeit, Haushalt) à l’école secondaire du Bäumlihof. Je trouvais dommage que nous n’ayons pas de plantes aromatiques à disposition et j’ai parlé de ce problème avec Georg Römmelt. Il a pensé que je pourrais participer au projet «Lecker-Acker» de Sun21 et planter moi-même des plantes aromatiques avec les élèves.


Et maintenant vous avez planté la première parcelle…

MR

: Oui, les plantons de SosAbeilles nous ont permis de planter six sortes de plantes différentes. Les élèves ont dessiné eux-mêmes les plans de la parcelle. Je leur ai simplement donné comme consigne qu’on devait pouvoir accéder simplement à toutes les plantes aromatiques sans marcher sur les plates-bandes. Ils ont donc réservé des chemins et utilisé des pierres ramassées sur place pour les baliser.


Est-ce que vous auriez aussi créé un jardin d’aromates sans l’action de plantation soutenue par Bio Suisse et la Coop?

MR

: Oui, mais les graines et les plants mis à notre disposition ont été une grande aide. C’est grâce à Georg Römmelt que j’ai entendu parler de cette action de plantation. J’ai depuis lors motivé d’autres enseignants à planter quelque chose dans ce champ avec leurs classes.


Est-ce que les élèves entretiennent d’eux-mêmes le jardin de plantes aromatiques?

MR

: Je vais voir chaque jour si tout est en ordre. J’envoie régulièrement les élèves récolter des plantes aromatiques pour les cous d’ETM. Et de temps en temps ils doivent estimer eux-mêmes s’il faut arroser. Voilà comment ils apprennent à entretenir un jardin.


Comment reliez-vous dans vos cours la thématique de l’abeille et l’action de plantation?

MR

: J’ai une leçon de théorie dans laquelle j’explique pourquoi les abeilles ont besoin de beaucoup de fleurs et pourquoi elles sont si importantes pour notre production alimentaire. J’utilise pour cela entre autres le matériel qui est mis à notre disposition. J’explique ce que sont les plantes pluriannuelles et comment on les sème. J’attends en outre des élèves qu’ils reconnaissent les différentes plantes aromatiques grâce aux cours d’ETM.



Monsieur Römmelt, quelles classes d’âge sont impliquées dans ce projet de champ communautaire?

Georg Römmelt (GR)

: Cela commence dès le jardin d’enfants. Les petits se promènent et regardent les plantes. Les élèves plus âgés parlent fièrement de leur travail et ils expliquent ce qu’ils ont fait. C’est une belle activité communautaire qui implique tous les âges. Il y a même dans le cadre des travaux de maturité des jeunes qui réalisent des projets indépendants sur ce champ.


Pourquoi ce projet est-il si important pour vous?

GR

: Parce que les enfants amassent des expériences pratiques et ne font pas que voir en classe des graphiques et des vidéos. Ce n’est qu’une fois qu’ils ont touché, reniflé, goûté et ressenti l’importance des différentes tâches qu’il est utile de discuter de la théorie.
MR: Oui, par exemple lorsqu’ils ont vu des limaces dévorer les salades, ils sont directement touchés quand l’enseignement théorique parle des ravageurs.


Quels projets prévoyez-vous de réaliser dans ce jardin de plantes aromatiques?

GR

: Nous planifions déjà pour les trois à quatre prochaines années. Il y a à côté du champ une prairie maigre qui permet de semer le mélange de fleurs sauvages de l’action de plantation. Et les enfants construiront des ruches aux travaux manuels. Mon collègue va les concevoir de manière à ce qu’on puisse les ouvrir depuis derrière pour regarder l’intérieur à travers une vitre en plexiglas. Les enfants pourront photographier les abeilles et discuter ces photos lors des cours de sciences naturelles.


C’est passionnant que toutes ces branches y participent.

MR

: Oui, Georg enseigne les travaux manuels aux enfants, et ils ont aiguisé et réparé les vieux outils de jardin et construit une remise à outils.
GR: Nous allons encore construire dans le jardin d’aromates une spirale avec côté soleil et côté ombre. Il est aussi prévu de réaliser une installation de compostage qui permettra aux enfants de mieux appréhender les différents cycles et les interactions qui les relient. Ils apprennent par exemple quels sols il faut pour les plantes aromatiques et lesquels vont mieux pour les salades et autres légumes, mais aussi quelles quantités de compost sont nécessaires. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir faire tout cela en classes de plein air directement devant l’école.


Quels espoirs sont liés au projet?

GR

: Que les enfants grandissent avec une compréhension pour la nature et la durabilité. Si on apprend dès son plus jeune âge comment on cultive des fruits et des légumes sains, on sera certainement plus attentif à ces problèmes à l’âge adulte et plus prêt à proposer de cultiver en commun des légumes dans l’espace urbain et de s’occuper d’une installation de compostage.
MR: Je trouve aussi important que les enfants fassent l’expérience d’un travail corporel. Ils ressentent l’existence de leur corps et transpirent. C’est une tout autre expérience que de transpirer pendant les cours de sport. Beaucoup d’enfants ont eu de la peine à supporter corporellement une double leçon donnée sur ce champ. Ce sont des expériences importantes.


Est-ce que les enfants en retirent aussi un autre regard sur les denrées alimentaires qu’on trouve dans les magasins?

MR

: Ils comprendront de toute façon mieux combien de travail se cache derrière les aliments et pourquoi un produit est «tellement cher». Ou alors ils vont se demander pourquoi quelque chose peut être si bon marché alors qu’il y a tellement de travail là derrière. Et le fait qu’il ait fait si froid récemment leur a aussi appris comment et pourquoi on peut perdre des récoltes.

En savoir plus:

 

Le Lecker-Acker Bäumlihof de Sun21, c’est quoi?


Le Lecker-Acker Bäumlihof, en français le champ délicieux de l’école du Bäumlihof, est un champ communautaire sur lequel familles, communautés, classes d’école et autres intéressés peuvent s’occuper d’un bout de terrain agricole en bénéficiant des conseils pratiques et techniques de l’équipe responsable du jardin. Tous ceux qui en ont envie peuvent donc semer, planter, entretenir et récolter des fruits, des légumes et des plantes aromatiques etc. sous la direction de l’agriculteur Thomas Kyburz et de jardiniers professionnels. C’est une très bonne manière de sensibiliser les gens à la nécessité d’une approche durable de la nature et de la nourriture. Expérimenter, récolter soi-même, manger et travailler ensemble sont de ce point de vue des aspects essentiels!

Coordinatrice du projet:
Sylvia Kammermeier
078 649 16 63
sylvia.notexisting@nodomain.comkammermeier@gmx.notexisting@nodomain.comch

https://www.sun21.ch

 

 

 

 

Et SosAbeilles, qu’est-ce c’est que c’est?


Différentes entreprises et organisations s’engagent depuis de nombreuses années pour stabiliser la population des abeilles et la biodiversité. Elles forment ensemble une communauté d’intérêt qui s’appelle SosAbeilles en français et ProBienen en allemand. On trouve dans cette communauté d’intérêt Bio Suisse, Coop, Weleda, Biotta, Ramseier et A. Vogel. Bio Suisse et la Coop offrent depuis 2016 au nom de SosAbeilles des kits de plantation pour refleurir les sites et les cours des écoles et pour agrandir les jardins scolaires et les projets de plantations qui existent déjà afin d’offrir le gîte et le couvert aux abeilles et autres pollinisateurs.

 

 

https://www.probienen.ch/fr.html

 

 

 

 

 

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